L'essentiel à retenir : Une malfaçon photovoltaïque se prouve par une démarche méthodique, incluant des preuves techniques, l'analyse des garanties en jeu et l'intervention d'un expert indépendant. Ce dernier identifie les défauts d'intégration, de câblage ou de performance, quantifie les préjudices et rédige un rapport probant, permettant de mobiliser les garanties et de fonder des démarches amiables ou judiciaires.
Votre installation photovoltaïque défaillante vous expose-t-elle à des risques ou des pertes financières sans recours de votre assurance ? Que ce soit à cause d'infiltrations, de courts-circuits ou d'une baisse de production, prouver une malfaçon photovoltaïque exige une expertise rigoureuse et un dossier complet.

Ce guide structuré vous explique comment identifier les défauts techniques, activer les garanties légales (décennale, biennale) et sécuriser votre réparation ou indemnisation. Découvrez les étapes clés pour transformer des symptômes en preuves solides, en mobilisant des diagnostics techniques (normes UTE C15-712-1, analyse thermographique) et des démarches juridiques pertinentes.
Votre installation photovoltaïque est défaillante ? Les étapes clés pour agir
Une baisse soudaine de production d'électricité, des infiltrations d'eau ou un onduleur en panne suscitent légitimement des inquiétudes. Ces désordres révèlent souvent une malfaçon photovoltaïque, c'est-à-dire un défaut de conception, de mise en œuvre ou de matériel.
Problèmes d'étanchéité en toiture, défauts électriques ou sous-performance chronique font partie des malfaçons les plus fréquentes. Pour obtenir réparation, il faut impérativement établir une preuve irréfutable de la défaillance. Ce processus conditionne l'activation des assurances, notamment la garantie décennale de l'installateur.
La jurisprudence retient comme malfaçons couvertes par la garantie décennale : les défauts affectant la solidité de l'ouvrage, l'étanchéité de la toiture ou la sécurité des installations électriques. En cas de doute, un expert indépendant certifié intervient pour identifier les causes, mesurer la perte de productibilité et vérifier la conformité technique selon les normes en vigueur.
Ce rapport d'expertise constitue le socle de votre dossier. Il permet d'engager des démarches amiables ou judiciaires avec un fondement solide. Même si l'installateur initial a cessé son activité, la garantie décennale reste valide. Consultez les documents contractuels pour retrouver les coordonnées de son assureur.
Identifier les types de malfaçons sur une installation photovoltaïque
Les défauts d'une installation photovoltaïque peuvent affecter sa performance, sa sécurité ou sa conformité. Ils se classent en trois grandes catégories, chacune impactant potentiellement la prise en charge par l'assurance ou la garantie décennale.
Les désordres liés à l'intégration en toiture
Les infiltrations d'eau sont un risque majeur pour les installations intégrées au bâti. Elles résultent souvent d'un défaut d'étanchéité, comme l'utilisation de matériaux non conformes (bandes bitumineuses, plastiques) ou une pose incorrecte des éléments de couverture. Ces défauts s'aggravent avec le temps sous l'effet des intempéries.
Les risques structurels incluent la dislocation des panneaux sous l'effet du vent ou l'effondrement dû au poids de la neige. Ces cas traduisent une fixation inadéquate, non adaptée aux contraintes mécaniques locales.

Les défaillances électriques et les risques d'incendie
Les courts-circuits, les arcs électriques et les surchauffes des connexions ou câbles posent des risques graves. Ces défauts proviennent généralement de raccordements défectueux, d'une mauvaise mise à la terre ou d'un câblage inadapté à la puissance de l'installation. Le non-respect des normes, comme la NF C 15-100 ou le guide UTE C15-712-1, accroît ces risques, pouvant entraîner des incendies.
La baisse de performance et les vices cachés
Une sous-production anormale des panneaux peut révéler un défaut de conception, un matériel défectueux ou un vieillissement prématuré. Les vices cachés, invisibles au moment de la réception des travaux, apparaissent avec le temps. Ils échappent souvent aux contrôles standards comme ceux du Consuel.
- Problèmes d'intégration en toiture : défauts d'étanchéité, infiltrations, fixation défaillante.
- Désordres électriques : courts-circuits, surchauffes, câblage inadapté, risque d'incendie.
- Performance réduite : rendement très modeste, sous-production anormale, défaillance matérielle.
- Non-conformité administrative : absence d'autorisation d'urbanisme, installation non conforme à la déclaration.
Ces défauts, s'ils affectent la solidité ou l'étanchéité de l'ouvrage, activent la garantie décennale de l'installateur. Le recours à un expert indépendant certifié reste indispensable pour établir un rapport probant, seul document valide pour engager une procédure amiable ou judiciaire.
Quelles garanties et assurances pour votre installation ?
La garantie décennale : le recours principal en cas de malfaçon grave
La garantie décennale est une assurance obligatoire pour tout installateur de panneaux photovoltaïques. Elle couvre les dommages affectant la solidité du bâtiment ou le rendant impropre à sa destination, comme des infiltrations d'eau dues à une mauvaise étanchéité ou des risques structurels liés au vent ou à la neige.
Elle s'applique pendant 10 ans après la réception des travaux. Par exemple, un défaut de fixation des panneaux entraînant une déstabilisation de la toiture serait couvert. En revanche, les problèmes esthétiques ou les pannes mineures non liées à la sécurité ne sont généralement pas pris en charge.
Les autres garanties et assurances à connaître
En complément de la garantie décennale, plusieurs assurances interviennent selon la nature des dommages :
- Garantie de parfait achèvement (1 an) : Corrige tous désordres signalés dans l'année suivant les travaux.
- Garantie biennale (2 ans) : Couvre les équipements dissociables, comme l'onduleur.
- Assurance habitation : Protège contre les événements externes (grêle, tempête) si les panneaux sont déclarés.
- Responsabilité civile professionnelle (RC Pro) : Indemnise les tiers en cas de dommages pendant l'installation.
Garantie / Assurance | Durée | Qui est responsable ? | Types de dommages couverts |
---|---|---|---|
Garantie décennale | 10 ans | Installateur / son assureur | Dommages graves affectant la solidité ou l'étanchéité du bâti (ex: infiltrations, défauts structurels). |
Garantie biennale | 2 ans | Installateur | Pannes d'équipements dissociables (ex: onduleur, système de monitoring). |
Garantie de parfait achèvement | 1 an | Installateur | Tous désordres signalés à la réception ou découverts dans l'année (ex: défauts d'isolation phonique). |
Assurance habitation (MRH) | Selon contrat | Votre assureur | Dommages externes (grêle, tempête, incendie) si les panneaux sont déclarés. |
Pour activer ces garanties, une démarche précise est nécessaire. En cas de doute, un expert indépendant peut identifier les causes des défauts (problèmes électriques, non-conformité aux normes) et établir un rapport probant. Ce document est essentiel pour engager l'assurance ou l'installateur.
Retenez que seules les malfaçons impactant la solidité ou l'étanchéité relèvent de la garantie décennale. Les défauts mineurs ou les pannes liées à l'usure relèvent des autres assurances ou des garanties constructeur. Une déclaration rapide des sinistres et la conservation des preuves (factures, rapports d'expertise) sont primordiales pour une prise en charge efficace.
La méthode pour prouver la malfaçon : constituer un dossier irréfutable
Pour mobiliser l'assurance, il faut prouver que la malfaçon affecte la solidité ou l'étanchéité de l'installation photovoltaïque. Une méthodologie rigoureuse et des preuves concrètes sont essentielles. Le propriétaire doit agir rapidement tout en préservant les éléments probants, car la charge de la preuve lui incombe.
Étape 1 : documenter et conserver les preuves initiales
La réaction initiale est cruciale. Un manque de rigueur peut invalider le dossier. Priorisez ces actions :
- Prendre des photos et vidéos datées : Capturez les infiltrations, fissures, ou surchauffes visibles, ainsi que les détails de l'onduleur et des câblages. L'horodatage électronique certifié garantit l'intégrité des fichiers face à un assureur.
- Réunir les documents contractuels : Conservez devis, factures, attestation d'assurance décennale, procès-verbal de réception, plans et fiches techniques. Ces documents attestent des garanties en cours et des obligations de l'installateur.
- Archiver l'historique des performances : Sauvegardez les relevés de production mensuels ou annuels pour mettre en évidence une baisse anormale. Comparez ces données aux prévisions initiales pour identifier un écart significatif.
- Tracer les communications : Conservez les échanges avec l'installateur et les assureurs. Les courriers recommandés avec accusé de réception sont obligatoires. Notez les échanges téléphoniques par écrit pour éviter les malentendus.

Étape 2 : mandater un expert d'assuré indépendant
L'expert indépendant est essentiel pour établir la responsabilité de l'installateur. Contrairement à l'expert désigné par l'assureur, il défend exclusivement vos intérêts. Ses missions incluent :
- Identifier la cause technique : Déterminer si le défaut provient d'une erreur de conception, de pose ou de matériel. Par exemple, un câblage inadapté à la puissance des panneaux ou des rives mal scellées causant des infiltrations.
- Vérifier la conformité aux normes : Contrôler le câblage (guide UTE C15-712-1), l'étanchéité (DTU série 40) et l'orientation des panneaux. Les outils utilisés incluent la caméra thermique pour détecter les surchauffes et les testeurs électriques pour valider la sécurité.
- Quantifier les dommages : Estimer la perte de production (ex. 20 % de rendement en moins) et le coût des réparations via un rapport chiffré. Ce document inclut des préconisations précises, comme le remplacement de câbles défectueux ou la refonte du système d'étanchéité.
L'expert utilise des équipements précis (caméra thermique, drones) pour diagnostiquer les défauts. Son rapport, structuré selon les normes applicables (ex. NF C 15-100), devient la pièce maîtresse pour négocier ou engager une procédure. Il inclut aussi une analyse des responsabilités éventuelles, comme la non-conformité aux DTU ou aux normes électriques.
Engager les démarches : de la négociation amiable au recours judiciaire
Une fois le rapport d'expertise établi, plusieurs voies s'offrent pour obtenir réparation via des démarches amiables avant des recours juridiques. Une documentation complète est essentielle, notamment pour activer la garantie décennale, qui couvre les dommages affectant la solidité ou l'étanchéité de l'ouvrage.
La mise en demeure de l'installateur
Envoyez une lettre de mise en demeure en recommandé avec accusé de réception. Exigez la réparation des malfaçons sous garantie décennale. Joignez le rapport d'expertise et précisez un délai d'action (ex. 15 jours). Cette étape renforce votre position en cas de litige, en démontrant une tentative de résolution à l'amiable. Mentionnez explicitement la garantie décennale et les obligations légales de l'installateur en référence à l'article 1792 du Code civil.
La déclaration de sinistre à l'assurance
En cas d'échec :
- Contactez l'assureur de l'installateur pour la garantie décennale. Les coordonnées figurent sur l'attestation d'assurance.
- Sollicitez votre assureur si le sinistre relève de votre contrat (ex. dégâts des eaux liés à l'étanchéité).
- Fournissez un dossier complet (expertise, photos, devis). Seuls les dommages compromettant la solidité ou l'étanchéité sont couverts. Les problèmes esthétiques ou électriques mineurs sont généralement exclus.
Les recours en cas de désaccord ou d'échec
Si les démarches amiables échouent :
- Adressez-vous à un médiateur (ex. Médiateur national de l'énergie) pour un règlement hors tribunal. Ce dispositif gratuit suspend le délai de prescription.
- Assignez l'installateur devant le tribunal. Un avocat est indispensable pour structurer le dossier autour de l'expertise judiciaire, réglementée par la loi. Cette expertise, plus probante que l'expertise amiable, permet au juge de trancher objectivement.
Les délais de prescription sont de 5 ans pour les travaux d'installation, sauf pour les vices cachés. Un accompagnement professionnel reste conseillé pour éviter les pièges juridiques.
Conclusion
La preuve d'une malfaçon sur une installation photovoltaïque pour une prise en charge par l'assurance repose sur trois piliers : une documentation rigoureuse, une expertise technique solide et une démarche structurée. Les défauts, qu'ils affectent la solidité (risques de dislocation) ou l'étanchéité (infiltrations), doivent être illustrés par des photos, rapports et analyses de performance. Le rapport d'expertise indépendant, rédigé par un professionnel certifié, constitue la pièce maîtresse. Il identifie les causes des défauts, évalue les préjudices et vérifie la conformité électrique selon le guide UTE C15-712-1. Si la démarche est complexe, elle reste indispensable pour faire valoir ses droits. Bien que le succès ne soit pas garanti, une approche méthodique, appuyée par la garantie décennale de l'installateur, maximise les chances de résoudre le litige de manière équitable.

Cabinet À Dire d'Expert
Expert bâtiment indépendant
Architecte DPLG avec 20 années d'expérience en expertise bâtiment et évaluation immobilière en région PACA. Spécialisé dans les pathologies du bâtiment et l'expertise d'assuré.
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